Le couteau de poche Gottardo — Une histoire de précision suisse
Qu’il s’agisse du tunnel ou du couteau de poche, pour Adrian Ryf et Carl Elsener père, l’obtention de la qualité grâce à l’expérience et à l’ajustement constant représente le travail d’une vie. Afin de célébrer l’engagement envers la précision et les réalisations qui en découlent, Victorinox a créé le couteau de poche Gottardo en édition limitée. Avec ses 91 mm de longueur, sa lame affiche le massif du Saint-Gothard, avec le tunnel d’Erstfeld à Bodio.
Une véritable innovation
Le grondement se rapproche. Les premières fissures apparaissent sur le haut mur de béton devant les spectateurs. Parmi eux se trouve Adrian Ryf, retenant son souffle pendant que Sissi perce la roche recouverte de béton. La foule commence à s’exclamer alors que les premiers morceaux tombent et s’effritent, la poussière et les débris maîtrisés par des jets d’eau. La large face de Sissi de 10 mètres, apparaît avec ses 58 fraises perçant l’acier. Sissi, le tunnelier, a transpercé les 1,5 derniers mètres de roche restants, exerçant une force de 26 tonnes, créant ainsi le plus long tunnel au monde. Des feux d’artifice éclatent, on agite des drapeaux et une petite statuette de Sainte-Barbe, patronne des mineurs, est brandie dans les airs. C’est au tour de Ryf et de ses collègues d’intervenir.
« Ce n’est qu’à la dernière percée que l’on sait si les mesures étaient vraiment correctes et si le dur labeur de ces 15 dernières années a enfin payé.” C’est bien le cas pour Ryf et son équipe d’une centaine d’experts qui travaillent sur l’arpentage ultra-précis du projet de tunnel le plus ambitieux au monde : le tunnel de base du Saint-Gothard.
En route vers l’excellence
La somme des secrets
Cette approche était bien connue de Carl Elsener père, le président de Victorinox de 1950 à 2007. Lorsqu’on lui demandait le secret de sa réussite, il répondait qu’il ne s’agissait pas d’un secret mais de la somme de l’expérience, de l’attention portée aux détails et des processus d’ajustement constant pour améliorer la qualité.
Ce processus continu a permis de savoir exactement quels alliages de grande qualité étaient nécessaires et de fixer des normes particulièrement exigeantes de contrôle. Par exemple, les alliages importés sont testés par une analyse spectrale de la qualité et pour leur résistance à la rouille. Un test de l’oscillation continue des ressorts permet de vérifier que ces pièces sont conformes, alors que la métallographie et la netteté des rebords bénéficient d’une attention toute particulière. Tous les fournisseurs Victorinox sont certifiés et des marges de tolérance claires ont été établies, créant une excellente base de départ.
La précision ultime
Il en est de même pour le tunnel de base du Saint-Gothard : conçu pour durer au moins un siècle, sa planification et son arpentage se devaient d’être précis dès le début. Avec une précision décimale jusqu’à 5 chiffres, les géomètres ont dû créer un chemin qui ne devait pas dévier de plus de 25 cm de largeur et de 12 cm de hauteur par rapport à la planification initiale.
Comment réduire le risque de se retrouver avec une différence plus importante ? La réponse de Ryf fut très simple : “Il suffit d’être plus précis qu’on ne vous le demande.”
Ce principe a fait ses preuves. Ryf est très fier d’avoir été encore plus précis que l’objectif pour la dernière percée de Sissi. La différence n’était que d’un centimètre de hauteur et la largeur d’une paume de main, soit huit centimètres. Sur plus de quatre millions d’heures de travail, les ouvriers ont fait preuve d’une extrême précision en créant un double tunnel de 57 km traversant directement le massif du Saint-Gothard, avec jusqu’à 2 300 mètres de roche au-dessus d’eux.
Le facteur décisif
Tout comme les géomètres du tunnel de base du Saint-Gothard, Victorinox obtient sa qualité grâce à une précision extrême. Des exigences, telles que la résistance au broyage de la lame, qui ne doit pas dépasser les 0,02 mm, sont souvent grandement surpassées. C’est également le cas en testant la robustesse de la lame après le processus de trempage, avec une variation autorisée de 1 à 1,5 seulement de HRC, qui décrit la dureté d’une lame. Ces résultats nécessitent des ajustements permanents : les pièces poinçonnées sont remplacées jusqu’à cinq fois par jour pour produire les meilleurs résultats. Le produit fini est vérifié par des yeux experts, capables de voir des défauts qu’un novice serait incapable d’identifier. Après chaque étape de production, un test est effectué pour s’assurer que tout a été réalisé correctement et, souvent, des séries entières sont testées. Une véritable prouesse avec une production de 60 000 couteaux de poche par jour, soit 1,5 couteau de poche par seconde.
Comme pour le tunnel de base du Saint-Gothard, ce n’est qu’avec la combinaison d’hommes dévoués et de machines sur mesure travaillant à l’unisson qu’on atteint la meilleure précision pour créer des produits d’exception reliant l’Europe et les individus du monde entier.