La fondue suisse : le plat convivial par excellence
Quoi de mieux qu’une fondue pour égayer les longues soirées d’hiver ? Ce plat ne vous dit rien ? Alors lisez la suite pour découvrir l’histoire de cette spécialité culinaire emblématique de la Suisse.
Lorsqu’on évoque la Suisse, on pense d’emblée aux montagnes, au chocolat, aux horloges à coucou, aux montres et... à la fondue ! Depuis son invention dans les années 1930, ce plat à base de fromage est devenu un élément important de l’identité suisse. Vous pouvez soit le préparer vous-même, soit acheter un mélange prêt à l’emploi dans les magasins ou les supermarchés. Mais assurez-vous tout d’abord de disposer de tous les équipements et ustensiles nécessaires !
Étymologie
Le mot fondue est le participe substantivé du verbe fondre. Il apparaît pour la première fois en 1735 dans un ouvrage culinaire de Vincent La Chapelle, intitulé Le Cuisinier moderne.
Aux origines de la recette
La première recette connue de la fondue au fromage telle que nous la connaissons aujourd’hui provient d’un livre publié en 1699 à Zurich, sous le nom de Käss mit Wein zu kochen (cuire le fromage avec du vin), où il est question de faire fondre du fromage coupé ou râpé avec du vin et de tremper du pain dans le mélange ainsi obtenu.
Toutefois, jusqu’à la fin du XIXe siècle, le nom de «fondue au fromage» désignait un plat composé d’œufs et de fromage, tel que décrit dans la recette Fonduë de Fromage aux Truffes Fraîches publiée dans l’ouvrage de Vincent La Chapelle en 1735. Il s’agissait alors d’un plat à mi-chemin entre les œufs brouillés au fromage et le soufflé au fromage. Le célèbre gastronome Jean Anthelme Brillat-Savarin écrira en 1834 que ce n’est «rien d’autre que des œufs brouillés au fromage».
Bien que la plupart des premières recettes de fondue aient été publiées en France et en Belgique, elles stipulent l’utilisation du fromage de Gruyère, et c’est donc aux Suisses que revient le mérite de son invention. Rappelons toutefois que la fondue est également un plat populaire côté français, en Haute-Savoie.
La fondue traditionnelle
La fondue a été popularisée en tant que plat national suisse par l’Union suisse du fromage dans les années 1930 afin d’augmenter la consommation de produits laitiers. Composée de différents types de fromages, de vin et de kirsch (eau-de-vie à base de cerises), la fondue est servie dans une casserole en fonte (caquelon), elle-même posée sur un réchaud à alcool ou à pâte combustible. Les convives plongent ensuite des morceaux de pain ou de pommes de terre dans le mélange à l’aide de fourchettes à long manche. Celles-ci sont généralement dotées d’un embout de couleur afin que chaque personne puisse reconnaître la sienne.
Les puristes diront que la fondue se passe d’accompagnements, mais vous pouvez tout à fait agrémenter votre plat de morceaux de brocoli, de chou-fleur ou de carottes à tremper dans le fromage. En guise d’ultime raffinement, vous pouvez également proposer une garniture composée, par exemple, d’olives, de tomates séchées ou de cornichons.
Comment préparer une fondue: les ingrédients de base
Les recettes traditionnelles recommandent de frotter le fond du caquelon avec une gousse d’ail, d’ajouter le vin blanc et de délayer la fécule de maïs dans le vin tout en chauffant (la fécule de maïs permet de stabiliser et d’épaissir le mélange). Ajouter ensuite le fromage râpé (généralement du gruyère ou un mélange de plusieurs fromages), puis remuer doucement jusqu’à ce qu’il soit complètement fondu.
Il est conseillé de verser un peu de kirsch dans le mélange. Ajouter du vin si la fondue est trop épaisse: l’acide et l’éthanol qu’il contient permettent de réduire la viscosité de la fondue. Si le fromage commence à cailler (séparation des protéines et de la graisse), cela peut signifier que le mélange est insuffisamment liquide ou acide. Il est donc recommandé d’ajouter du jus de citron. Il est important de remuer continuellement le mélange pour obtenir une consistance crémeuse.
La religieuse
La fondue doit rester suffisamment chaude, pour que le mélange reste lisse et crémeux, mais ne jamais bouillir. Lorsque le mélange est maintenu à une bonne température, une fine croûte de fromage grillé, appelée «la religieuse», se forme au fond du caquelon. Cette partie croustillante est généralement gratée à l’aide d’une spatule et partagée entre les convives.
La fondue moitié-moitié
Cette fondue est un mélange de deux types de fromages originaires du canton de Fribourg: le gruyère et le vacherin. Une pincée de poivre de Cayenne est ajoutée pour relever un peu le tout. Ces deux fromages bénéficient du label AOP (appellation d’origine protégée), qui garantit la qualité du produit. Cette fondue est généralement accompagnée d’un vin blanc sec, comme le Chasselas. Toutefois, pour faciliter la digestion, il est recommandé de boire une infusion aux plantes pendant la dégustation de la fondue (tisane de fenouil p. ex.).
Variantes sans produits laitiers
À partir des années 1950, le terme «fondue» a été étendu à d’autres plats dans lesquels un aliment est plongé dans un récipient contenant un liquide chaud. Parmi ceux-ci, on trouve la fondue bourguignonne et la fondue chinoise, qui consistent à plonger des morceaux de viande dans de l’huile pour la première et dans du bouillon pour la seconde et à les déguster avec différentes sauces, ou encore la fondue au chocolat, qui consiste à tremper des morceaux de fruits ou de gâteau dans du chocolat fondu.
Référence à la fondue dans Asterix chez les Helvètes
Dans la bande dessinée narrant les exploits de l’intrépide petit guerrier gaulois, l’épisode consacrée à la soirée fondue évoque un rituel selon lequel celui qui perd son morceau de pain dans la fondue doit recevoir un gage. Le malheureux qui a perdu son morceau de pain pour la troisième fois est alors jeté dans le lac Léman avec des poids attachés à ses pieds. Mais rassurez-vous: dans la réalité, les gages ne sont pas si terribles, il est donc peu probable que pareille chose vous arrive !
